dimanche 29 janvier 2017
jeudi 5 janvier 2017
Dîner de Noël au chalet pour les frères de Québec
C'est maintenant une tradition pour les capucins de la région de Québec : ils se retrouvent pour une rencontre fraternelle et un repas des fêtes dans le cadre champêtre de Stoneham. Cette année des frères d'Ottawa, Lac-Bouchette et Montréal se sont joints à eux.
13 à table ??? Nous ne sommes pas superstitieux.
De gauche à droite, les frères : Paul (le photographe), Louis, André C., Benny, Pierre-Étienne, André H., Michel, Ketema, Jacques, Valentin, Akim, Jean-Chrysostome et Alix. |
mercredi 21 décembre 2016
Collaboration avec nos confrères anglophones du Canada
Dans une perspective de collaboration entre nos deux provinces, une rencontre conjointe des deux conseils provinciaux a eu lieu le 23 novembre à la fraternité de La Réparation. Elle a permis d’identifier des pistes de collaboration à venir notamment :
- La visite d’un second groupe de frères au St. Francis Table en mars 2017 ;
- Créer des opportunités de visites personnelles entre nos provinces ;
- Maintenir nos liens dans le domaine de la formation initiale ;
- Partager des ressources (pour des retraites, des formations offertes par des diocèses, administration, etc) ;
- Opportunité d’apprentissage du français ou de l’anglais ;
- Projet d’une plate-forme virtuelle sur la vie capucine alimentée par les deux provinces.
De gauche à droite: les frères Louiz Antony Arukulasseri, Benny Punnassery Vincent, John Frampton, Paul Duplessie, Germain Kpakafi, John Juhl, Louis Cinq-Mars, ministre provincial, Alix Poulin, Henry Alva, ministre provincial, et Jean-Guy Lanthier
Une autre rencontre est prévue en mai 2017 à Toronto.
- La visite d’un second groupe de frères au St. Francis Table en mars 2017 ;
- Créer des opportunités de visites personnelles entre nos provinces ;
- Maintenir nos liens dans le domaine de la formation initiale ;
- Partager des ressources (pour des retraites, des formations offertes par des diocèses, administration, etc) ;
- Opportunité d’apprentissage du français ou de l’anglais ;
- Projet d’une plate-forme virtuelle sur la vie capucine alimentée par les deux provinces.
De gauche à droite: les frères Louiz Antony Arukulasseri, Benny Punnassery Vincent, John Frampton, Paul Duplessie, Germain Kpakafi, John Juhl, Louis Cinq-Mars, ministre provincial, Alix Poulin, Henry Alva, ministre provincial, et Jean-Guy Lanthier
Une autre rencontre est prévue en mai 2017 à Toronto.
mardi 25 octobre 2016
Frère Auguste Fortin, capucin (1932-2016)
Au mitan de son âge, de 1972 à 1974, notre frère Auguste Fortin a vécu à Fribourg, en Suisse, deux années charnières durant lesquelles sa foi solide est passée de la réception de l’héritage ancien à la maturation attentive d’un nouvel itinéraire à proposer. À 40 ans, il avait exploré avec beaucoup de précaution les pistes éprouvées qui s’étaient offertes à lui. Singulièrement, comblé et en même temps curieux d’autres possibles, il avait alors voulu, prudent et fragile comme il se connaissait, se donner les moyens d’accueillir les surprises que le Seigneur lui offrirait au cours de ses 40 prochaines années. Résolument fidèle à ses racines, Auguste, dont l’audace intérieure avait tant de mal à se déclarer au delà d’une volonté contrainte d’inconditionnelle soumission, croyait désormais devoir parcourir un itinéraire non balisé. Il lui fallait chercher, trouver et assumer les fondements de ce parcours obscur encore et pourtant obligé. Il avait donc choisi l’École de la foi, animée à Fribourg par le dominicain Jacques Loew, comme moment de vérification et de consolidation de sa vocation de frère mineur capucin.
L’École de la foi n’offrait pas seulement un programme d’étude en théologie et en spiritualité, elle proposait aussi de nombreux contacts avec des initiatives pastorales nouvelles et des expériences de vie spirituelle en prise sur notre époque. Surtout, elle donnait l’occasion de vivre ces moments de formation en petite équipe où l’on partageait les tâches, les idées, les difficultés passagères et les réussites aussi bien que la prière et la réflexion. La prière à inventer en groupe et la pratique de la révision de vie seraient pour Auguste des voies de cheminement qui le marqueraient pour toujours. Auguste n’avait pas de grandes prétentions intellectuelles mais il sentait profondément le devoir de « rendre raison de l’espérance » qu’il portait en lui (cf. 1P 3, 15). Le Concile et les animateurs de l’Ordre appelaient au renouvellement de la vie religieuse, Auguste voulait faire sa part et cherchait à s’équiper pour la route.
Jusqu’à cette étape de ses 40 ans, la vie d’Auguste avait suivi un itinéraire maintes fois parcouru sans être banal pour autant. Fils de Marc Fortin, un agriculteur de Saint-Aubert de l’Islet, et de Marie-Anna Saint-Pierre, Léonard – le prénom d’Auguste avant qu’il ne devienne capucin – est né le 23 janvier 1932, dix-huitième des dix-neuf enfants du couple. La famille vit modestement mais cultive la fibre religieuse : un frère d’Auguste sera ordonné prêtre en 1935 et deux de ses sœurs deviendront religieuses dans la Congrégation Notre-Dame.
Le jeune Léonard est en bonne santé sans être particulièrement vigoureux. Il fréquente l’école du village jusqu’à la fin du cycle primaire. Il rapportera lui-même avoir désiré devenir religieux depuis l’âge de huit ou neuf ans.
C’est certainement dans ce but qu’il passera deux années chez les capucins, au Collège Séraphique d’Ottawa (1946-48). Hélas, le succès scolaire ne couronne pas ses efforts même après avoir redoublé les éléments latins... Le fr. Gabriel Dextraze, venu le visiter durant les vacances, lui conseille de renoncer. La famille connaît aussi des difficultés économiques. Le père est décédé depuis quelques années et c’est un des fils qui agit comme chef de la maisonnée. Un autre frère est gravement malade, sa mère aussi. On doit souvent faire appel au médecin et cela coûte cher. Une nouvelle année d’étude se présente comme une grosse dépense...
Léonard aura bientôt dix-sept ans et il ne veut plus tergiverser. Il écrit donc au fr. Marie-Antoine Painchaud, à Cacouna et demande d’être admis au noviciat comme frère laïc. Il explique son choix des capucins par l’attrait que saint François et son genre de vie a pour lui depuis des années et qui s’est approfondi lorsqu’il l’a mieux connu au Collège Séraphique.
Admis au noviciat, le jeune homme prend l’habit sous le nom de frère Auguste le 30 janvier 1949 et fait sa première profession une année plus tard, le 2 février 1950. La suite de sa formation se passera à Ottawa et à Cap-Rouge ou il fera la profession perpétuelle le 2 février 1953. Ces années de formation qui consistent surtout à explorer plus en profondeur la réalité de la vie religieuse découverte au noviciat servent aussi à acquérir un de ces métiers, tailleur, menuisier, cuisinier, électricien, plombier, cordonnier, etc. qui sont nécessaires à la bonne marche de la vie des fraternités.
En évaluant sa personnalité, on a noté qu’il est très secret et sensible, parfois entêté mais quand même généreux et profondément pieux.
Après la profession perpétuelle, Auguste sera un cuisinier apprécié dans plusieurs fraternités : Montréal, Cacouna et finalement Ottawa, jusqu’à l’été 1965.
Soucieux de bien accomplir sa tâche, il prend des cours du soir à l’école d’hôtellerie. Il pousse le soin jusqu’à provoquer un jour une remarque du gardien de la fraternité qui lui demande de présenter des plats moins raffinés... Les autres membres de la fraternité ne se plaignaient pourtant pas !
À l’été 1965, Auguste devint membre de la nouvelle Fraternité Saint-Laurent à Cap Rouge, au sein du Campus Saint-Augustin. Trois ans plus tard, en mai 68, il déménage à Montréal et s’intègre à une autre nouvelle fraternité, formée essentiellement d’étudiants en théologie et logée sur l’avenue Van Horne.
Il y vivra jusqu’à la fermeture de cette fraternité en mai 1971, tout en occupant un emploi d’aide-infirmier à l’Hôpital Saint-Luc. Ce fut pour lui une période de durs labeurs alourdie encore par le poids du transport quotidien entre le quartier Côte-des-Neiges et le carrefour René-Lévesque/St-Denis. Mais Auguste est heureux de rejoindre l’expérience des autres travailleurs et d’apporter sa contribution au soulagement de personnes éprouvées par la maladie. Aux étudiants dont il partage la vie, la prière et la réflexion, Auguste offre l’appui très utile de sa piété personnelle et de son expérience concrète et déjà longue de la vie religieuse.
En juin 1971, une fraternité s’ouvre à Québec, rue St-Olivier, en milieu populaire. Ses premiers membres sont Jacques Bélanger, Auguste, André Doyon et Luc Bertrand. Les frères se proposent de vivre en milieu urbain cette proximité avec les gens qui illustre la vie de François d’Assise et de ses premiers frères. C’est encore une démarche expérimentale dans laquelle Auguste poursuit sa quête, ce qu’il cherche au plus profond de lui-même, la manière de vivre sa vocation capucine d’une façon plus significative que celle que l’on imposait traditionnellement aux frères laïcs. Et, non sans souffrance, il s’interroge aussi sur la légitimité de sa quête : on lui a longtemps seriné que tout se résolvait dans la soumission et lui, il voudrait, sans trahir, avoir une certaine autonomie dans le déploiement de sa fidélité. Voilà le dilemme qu’il veut résoudre en demandant de passer deux ans à l’École de la Foi. Et heureusement, cela lui fut accordé.
Ce serait mal connaître Auguste que d’imaginer que son retour de Fribourg puisse être spectaculaire. Auguste est changé, certes, il est un peu plus rassuré intérieurement, un peu plus affirmé dans sa démarche. Mais il demeure l’homme très secret et prudent que l’on a connu. C’est donc tel qu’il est devenu et aussi tel qu’on le connaissait qu’il revient se joindre aux frères, plus nombreux désormais, qui habitent le quartier St-Jean-Baptiste de Québec. D’entente avec le ministre provincial, Auguste aura comme mission de développer la dimension contemplative au sein du groupe. Il va créer en ville une « zone d’ermitage » pour les frères et pour les laïcs qui aiment se joindre à eux dans la prière. La vie en fraternité, la prière, le travail et la fréquentation solidaire du petit peuple du quartier deviennent donc les ingrédients essentiels de la vie d’Auguste. Tout cela est très franciscain et Auguste y trouve un bonheur de plus en plus serein.
Pourtant, un projet plus radical germe encore dans son esprit. Avec quelques confrères, il songe à vivre plus intensément la vie érémitique, loin de la ville. C’est une vieille tradition de l’Ordre que l’on veut ainsi ranimer. À la fin de l’été 1980, on emménage donc à Lac-Etchemin, dans une maison isolée qui deviendra bientôt le noviciat de la province. Isolée par rapport à l’agitation de la ville, certainement, mais jamais coupée de la vie fraternelle de la province. Les frères du faubourg St-Jean-Baptiste demeureront toujours liés au projet de Lac-Etchemin. La maison fonctionnera jusqu’en 1988 et elle aura reçu trois groupes de novices.
À partir de 1979, frère Auguste éprouve des ennuis de santé, du côté du cœur. Quelques chirurgies, y compris l’implantation d’une valvule en 1985, ralentiront ses activités. Il est désormais assez fragile.
En 1988, il revient à Québec et il habitera le quartier St-Jean-Baptiste jusqu’au début des années 2000. Il vit très modestement, se lie d’amitié avec beaucoup de gens du quartier, il accueille qui a besoin d’être accueilli et visite qui a besoin d’une visite. Il est proche du frère Claude Lavoie, un autre ré-inventeur de la forme laïcale de la vie capucine.
Lorsqu’Auguste est nommé membre de la fraternité de Limoilou, il doit reprendre le rythme de la vie commune. Ses habitudes disciplinées le servent bien. Il devient assez rapidement le leader de la prière communautaire. Il lit beaucoup, continue de visiter ses amis et participe activement à la vie fraternelle. Durant trois ans, il sera vicaire de la fraternité.
Sa santé devient lentement une préoccupation permanente. Il doit renoncer à sa part des tâches ménagères. Il fait de nombreux courts séjours à l’hôpital. Des problèmes pulmonaires et rénaux s’ajoutent à ses limitations cardiaques. Pourtant, à qui l’interroge, il répond habituellement qu’il se sent bien...
Mais lorsqu’il se rend à l’Hôtel-Dieu le 22 octobre dernier, ce n’est plus une démarche de routine. Il s’affaiblit inéluctablement et décède doucement mardi, le 25 octobre.
Discret, Auguste l’a été. Mais ses liens avec sa famille religieuse ont toujours été vivaces et vigoureux. Son choix de vie capucine était aussi résolu que son désir d’en explorer de nouveaux champs. Son amour de la prière ne l’a jamais quitté. Nous portons tous ensemble la charge d’inventer les formes de la vie des frères mineurs qui parlent à notre temps, Auguste à fait sa part, très ouvertement.
Ses funérailles furent célébrées en présence des cendres, le vendredi 4 novembre, en l’église St-Fidèle de Limoilou, à Québec. Le lendemain 5 novembre, ses cendres furent déposées au mausolée des Capucins à Montréal. Que le Seigneur lui accorde sa paix !
L’École de la foi n’offrait pas seulement un programme d’étude en théologie et en spiritualité, elle proposait aussi de nombreux contacts avec des initiatives pastorales nouvelles et des expériences de vie spirituelle en prise sur notre époque. Surtout, elle donnait l’occasion de vivre ces moments de formation en petite équipe où l’on partageait les tâches, les idées, les difficultés passagères et les réussites aussi bien que la prière et la réflexion. La prière à inventer en groupe et la pratique de la révision de vie seraient pour Auguste des voies de cheminement qui le marqueraient pour toujours. Auguste n’avait pas de grandes prétentions intellectuelles mais il sentait profondément le devoir de « rendre raison de l’espérance » qu’il portait en lui (cf. 1P 3, 15). Le Concile et les animateurs de l’Ordre appelaient au renouvellement de la vie religieuse, Auguste voulait faire sa part et cherchait à s’équiper pour la route.
Jusqu’à cette étape de ses 40 ans, la vie d’Auguste avait suivi un itinéraire maintes fois parcouru sans être banal pour autant. Fils de Marc Fortin, un agriculteur de Saint-Aubert de l’Islet, et de Marie-Anna Saint-Pierre, Léonard – le prénom d’Auguste avant qu’il ne devienne capucin – est né le 23 janvier 1932, dix-huitième des dix-neuf enfants du couple. La famille vit modestement mais cultive la fibre religieuse : un frère d’Auguste sera ordonné prêtre en 1935 et deux de ses sœurs deviendront religieuses dans la Congrégation Notre-Dame.
Le jeune Léonard est en bonne santé sans être particulièrement vigoureux. Il fréquente l’école du village jusqu’à la fin du cycle primaire. Il rapportera lui-même avoir désiré devenir religieux depuis l’âge de huit ou neuf ans.
C’est certainement dans ce but qu’il passera deux années chez les capucins, au Collège Séraphique d’Ottawa (1946-48). Hélas, le succès scolaire ne couronne pas ses efforts même après avoir redoublé les éléments latins... Le fr. Gabriel Dextraze, venu le visiter durant les vacances, lui conseille de renoncer. La famille connaît aussi des difficultés économiques. Le père est décédé depuis quelques années et c’est un des fils qui agit comme chef de la maisonnée. Un autre frère est gravement malade, sa mère aussi. On doit souvent faire appel au médecin et cela coûte cher. Une nouvelle année d’étude se présente comme une grosse dépense...
Léonard aura bientôt dix-sept ans et il ne veut plus tergiverser. Il écrit donc au fr. Marie-Antoine Painchaud, à Cacouna et demande d’être admis au noviciat comme frère laïc. Il explique son choix des capucins par l’attrait que saint François et son genre de vie a pour lui depuis des années et qui s’est approfondi lorsqu’il l’a mieux connu au Collège Séraphique.
Admis au noviciat, le jeune homme prend l’habit sous le nom de frère Auguste le 30 janvier 1949 et fait sa première profession une année plus tard, le 2 février 1950. La suite de sa formation se passera à Ottawa et à Cap-Rouge ou il fera la profession perpétuelle le 2 février 1953. Ces années de formation qui consistent surtout à explorer plus en profondeur la réalité de la vie religieuse découverte au noviciat servent aussi à acquérir un de ces métiers, tailleur, menuisier, cuisinier, électricien, plombier, cordonnier, etc. qui sont nécessaires à la bonne marche de la vie des fraternités.
En évaluant sa personnalité, on a noté qu’il est très secret et sensible, parfois entêté mais quand même généreux et profondément pieux.
Après la profession perpétuelle, Auguste sera un cuisinier apprécié dans plusieurs fraternités : Montréal, Cacouna et finalement Ottawa, jusqu’à l’été 1965.
Soucieux de bien accomplir sa tâche, il prend des cours du soir à l’école d’hôtellerie. Il pousse le soin jusqu’à provoquer un jour une remarque du gardien de la fraternité qui lui demande de présenter des plats moins raffinés... Les autres membres de la fraternité ne se plaignaient pourtant pas !
À l’été 1965, Auguste devint membre de la nouvelle Fraternité Saint-Laurent à Cap Rouge, au sein du Campus Saint-Augustin. Trois ans plus tard, en mai 68, il déménage à Montréal et s’intègre à une autre nouvelle fraternité, formée essentiellement d’étudiants en théologie et logée sur l’avenue Van Horne.
Il y vivra jusqu’à la fermeture de cette fraternité en mai 1971, tout en occupant un emploi d’aide-infirmier à l’Hôpital Saint-Luc. Ce fut pour lui une période de durs labeurs alourdie encore par le poids du transport quotidien entre le quartier Côte-des-Neiges et le carrefour René-Lévesque/St-Denis. Mais Auguste est heureux de rejoindre l’expérience des autres travailleurs et d’apporter sa contribution au soulagement de personnes éprouvées par la maladie. Aux étudiants dont il partage la vie, la prière et la réflexion, Auguste offre l’appui très utile de sa piété personnelle et de son expérience concrète et déjà longue de la vie religieuse.
En juin 1971, une fraternité s’ouvre à Québec, rue St-Olivier, en milieu populaire. Ses premiers membres sont Jacques Bélanger, Auguste, André Doyon et Luc Bertrand. Les frères se proposent de vivre en milieu urbain cette proximité avec les gens qui illustre la vie de François d’Assise et de ses premiers frères. C’est encore une démarche expérimentale dans laquelle Auguste poursuit sa quête, ce qu’il cherche au plus profond de lui-même, la manière de vivre sa vocation capucine d’une façon plus significative que celle que l’on imposait traditionnellement aux frères laïcs. Et, non sans souffrance, il s’interroge aussi sur la légitimité de sa quête : on lui a longtemps seriné que tout se résolvait dans la soumission et lui, il voudrait, sans trahir, avoir une certaine autonomie dans le déploiement de sa fidélité. Voilà le dilemme qu’il veut résoudre en demandant de passer deux ans à l’École de la Foi. Et heureusement, cela lui fut accordé.
Ce serait mal connaître Auguste que d’imaginer que son retour de Fribourg puisse être spectaculaire. Auguste est changé, certes, il est un peu plus rassuré intérieurement, un peu plus affirmé dans sa démarche. Mais il demeure l’homme très secret et prudent que l’on a connu. C’est donc tel qu’il est devenu et aussi tel qu’on le connaissait qu’il revient se joindre aux frères, plus nombreux désormais, qui habitent le quartier St-Jean-Baptiste de Québec. D’entente avec le ministre provincial, Auguste aura comme mission de développer la dimension contemplative au sein du groupe. Il va créer en ville une « zone d’ermitage » pour les frères et pour les laïcs qui aiment se joindre à eux dans la prière. La vie en fraternité, la prière, le travail et la fréquentation solidaire du petit peuple du quartier deviennent donc les ingrédients essentiels de la vie d’Auguste. Tout cela est très franciscain et Auguste y trouve un bonheur de plus en plus serein.
Pourtant, un projet plus radical germe encore dans son esprit. Avec quelques confrères, il songe à vivre plus intensément la vie érémitique, loin de la ville. C’est une vieille tradition de l’Ordre que l’on veut ainsi ranimer. À la fin de l’été 1980, on emménage donc à Lac-Etchemin, dans une maison isolée qui deviendra bientôt le noviciat de la province. Isolée par rapport à l’agitation de la ville, certainement, mais jamais coupée de la vie fraternelle de la province. Les frères du faubourg St-Jean-Baptiste demeureront toujours liés au projet de Lac-Etchemin. La maison fonctionnera jusqu’en 1988 et elle aura reçu trois groupes de novices.
À partir de 1979, frère Auguste éprouve des ennuis de santé, du côté du cœur. Quelques chirurgies, y compris l’implantation d’une valvule en 1985, ralentiront ses activités. Il est désormais assez fragile.
En 1988, il revient à Québec et il habitera le quartier St-Jean-Baptiste jusqu’au début des années 2000. Il vit très modestement, se lie d’amitié avec beaucoup de gens du quartier, il accueille qui a besoin d’être accueilli et visite qui a besoin d’une visite. Il est proche du frère Claude Lavoie, un autre ré-inventeur de la forme laïcale de la vie capucine.
Lorsqu’Auguste est nommé membre de la fraternité de Limoilou, il doit reprendre le rythme de la vie commune. Ses habitudes disciplinées le servent bien. Il devient assez rapidement le leader de la prière communautaire. Il lit beaucoup, continue de visiter ses amis et participe activement à la vie fraternelle. Durant trois ans, il sera vicaire de la fraternité.
Sa santé devient lentement une préoccupation permanente. Il doit renoncer à sa part des tâches ménagères. Il fait de nombreux courts séjours à l’hôpital. Des problèmes pulmonaires et rénaux s’ajoutent à ses limitations cardiaques. Pourtant, à qui l’interroge, il répond habituellement qu’il se sent bien...
Mais lorsqu’il se rend à l’Hôtel-Dieu le 22 octobre dernier, ce n’est plus une démarche de routine. Il s’affaiblit inéluctablement et décède doucement mardi, le 25 octobre.
Discret, Auguste l’a été. Mais ses liens avec sa famille religieuse ont toujours été vivaces et vigoureux. Son choix de vie capucine était aussi résolu que son désir d’en explorer de nouveaux champs. Son amour de la prière ne l’a jamais quitté. Nous portons tous ensemble la charge d’inventer les formes de la vie des frères mineurs qui parlent à notre temps, Auguste à fait sa part, très ouvertement.
Ses funérailles furent célébrées en présence des cendres, le vendredi 4 novembre, en l’église St-Fidèle de Limoilou, à Québec. Le lendemain 5 novembre, ses cendres furent déposées au mausolée des Capucins à Montréal. Que le Seigneur lui accorde sa paix !
lundi 26 septembre 2016
Frère Rhéal Rancourt, capucin (1941-2016)
Les fraternités de Capucins les plus proches de Noëlville sont à 500 km de là dans deux directions opposées : Ottawa au sud-est et Timmins au nord. Rhéal ne les a donc jamais fréquentées. Mais les capucins parcourent quand même cette région francophone comme prédicateurs de retraites paroissiales, et North Bay, la petite ville voisine, 100 km à l’est de Noëlville, a déjà offert plusieurs frères à l’Ordre. Pas étonnant, dès lors que le frère René McGuire, pionnier de la pastorale des vocations, visite les écoles et propose la vie capucine aux jeunes gens qui abordent la vie d’adulte.
Rhéal entrera donc au noviciat de Cacouna en mars 1960 après avoir suivi deux ans de formation à l’École Saint-Conard de Cap-Rouge, où les capucins avaient organisé une démarche d’introduction à la vie de religieux laïc. Le frère Charles-Auguste Morin, qui était alors responsable de cette institution, avait reconnu chez Rhéal des qualités que l’on appréciera toute sa vie. Il le considère « intelligent, plein de gros bon sens terrien, réfléchi, d’humeur égale». On note aussi qu’il est timide, très discret, facilement isolé mais au demeurant bon compagnon. Frère David Boudreau, maître des novices, confirmera ce jugement lorsque viendra pour Rhéal le temps des premiers voeux qu’il fera le 8 avril 1961.
Suivront les trois années préalables aux voeux perpétuels que Rhéal vivra à Montréal, au couvent de La Réparation, sous la houlette du frère Jacques Bleau. Cheminement paisible, enracinement serein, acquisitions de compétences nouvelles mais constance de la personnalité : frère Rhéal mérite la confiance que l’on a mise en lui. Sa famille religieuse, aussi bien que sa famille naturelle, l’accompagnera dans la joie de sa profession perpétuelle, le 16 mai 1964. Cette date, au milieu d’une fin de semaine allongée par un jour férié, Rhéal l’avait justement choisie pour permettre aux siens de faire le long voyage jusqu’à Montréal.
Après la profession perpétuelle vient le temps des obédiences : de 1965 à 1968, frère Rhéal sera successivement membre des fraternités d’Ottawa, de Cap-Rouge et de La Réparation. Curieusement, le service qu’il y rendra sera très différent de ceux pour lesquels on lui avait discerné des aptitudes au cours de sa formation : on l’avait reconnu doué pour la menuiserie, la couture et la cuisine. Mais voilà que pour répondre aux besoins des fraternités, Rhéal se révèle un excellent économe. Il devient vite un comptable minutieux et maîtrise la gestion comme s’il s’y était préparé depuis longtemps. C’est qu’au fond, Rhéal le timide, le réservé, est un homme bourré de talents et tout à fait disposé à servir ses frères. Il s’exprime peu en communauté, mais il sait en percevoir les besoins et y répondre avec à-propos.
Toujours en service à la fraternité de La Réparation |
Le premier service qu’on lui demandera au Tchad sera d’assister le frère Emmanuel Saint-Pierre comme mécanicien au garage de Laï. Mais rapidement, ce sont des tâches administratives qu’on voudra lui confier. Rhéal deviendra donc l’économe de la mission des Capucins canadiens, le Vicariat Général de la Tandjilé. Il résidera à Moundou et assistera les vicaires généraux, le frère Roch Picard, d’abord et ensuite le frère Jean-Jacques Filiatrault. Il verra pour eux, et de manière très efficace, à l’administration de la menuiserie de Kélo, du garage de Laï et du service des constructions. Il s’occupera d’approvisionner l’une en bois et l’autre en pièces de rechange, et le troisième en matériaux de construction ; il assurera pour tous le paiement des salaires et des charges sociales et veillera à ce que des moyens de transports soient disponibles là où il les faut. La gestion qui lui est confiée est complexe : les « affaires » se traitent aussi bien en France et à Montréal qu’au Tchad. Rhéal comprend le système et y évolue avec la même aisance qu’il aurait pu avoir à gérer une petite ferme à Noëlville. Il a modernisé la gestion économique de la mission et donné à ses frères les moyens d’être plus entièrement disponibles dans leurs divers ministères.
Lorsqu’il est rentré à Montréal en 1979, le frère Rhéal Rancourt s’est joint à la fraternité Saint-Vincent-de-Paul dont il sera l’économe jusqu’en 2012. Mais ce n’est là qu’un petit travail pour lui. Invité par le frère Aubert Bertrand, il acceptera l’emploi de comptable de l’Entraide Missionnaire, un organisme de coopération et d’animation. Durant dix-huit ans au service de cet organisme, Rhéal déploiera les mêmes talents qu’il avait démontrés au Tchad. Comptabilité impeccable, gestion précise, prévoyante et efficace. L’Entraide enchaîne réunions, sessions et congrès, l’intendance suit ! De la location de locaux à l’approvisionnement des pauses-santé, Rhéal sait tout prévoir. Il s’occupe des publications, des impressions et des expéditions. Il s’assure de l’entretien des locaux avec la même efficacité que de l’achat des fournitures de bureau. Et pour quiconque travaille à l’Entraide, Rhéal est un compagnon souriant serviable et accommodant.
Pour répondre au besoin de la Province, Rhéal a laissé cet emploi en 1997 afin de collaborer à l’administration provinciale. Là aussi, son efficacité et sa bonne humeur seront hautement appréciées non seulement par ses collègues de travail, mais aussi par tous les frères qui visitent la Maison provinciale. Rhéal est heureux au service des siens.
Cela dure jusqu’en 2005. Le 28 mai Rhéal est terrassé par un AVC. Cette catastrophe était vraiment imprévisible. Rhéal menait une vie saine, il avait toute les apparences de la bonne santé et faisait régulièrement de l’exercice sous la forme de longues randonnées à bicyclette. Allez vous expliquer ces choses-là !
Physiquement, il s’en remettra. Mais il a perdu la mémoire... Il ne reconnaît plus que très peu de gens ; tous les autres, il lui faut les accepter sans leur passé... Il avait toujours été très discret, il aura désormais des raisons de l’être plus encore. C’est grâce à la patience et à l’amitié du frère Grégoire Pâquet qu’à travers biens des apprentissages, il reprendra peu à peu une vie qui a l’apparence de la normalité. Il arrivera même à reprendre l’économat de sa fraternité. Mais il ne pourra pas faire davantage.
En 2012, Rhéal viendra vivre à La Réparation. Il se rend utile mais il est fragile. On apprendra bientôt qu’il est atteint d’un cancer des os et de la leucémie, funeste combinaison...
Ce 20 septembre dernier, on le conduit à l’hôpital où il est admis aux soins intensifs, car il souffre d’une pneumonie sévère. La veille encore, il tondait le gazon... et participait aux prières du choeur malgré une évidente difficulté à respirer. Il est décédé le 21 septembre. Il avait 75 ans.
Rhéal, nous avons tous accepté ton choix de la réserve et de la discrétion. Mais à réfléchir sur ton beau parcours, nous ne pouvons nous empêcher d’admirer malgré lui le frère splendide que le Seigneur – et ta famille – nous a donné et qu’il vient de rapatrier au plus près de sa tendresse.
Une rencontre de prières et d'hommage aura lieu le mercredi 28 septembre à 18 h 30 à la Chapelle de La Réparation. Les funérailles y seront célébrées le jeudi 29 septembre à 11 h, en présence des cendres.
Avant son départ pour le Tchad en 1968 |
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