Témoignages

Pâque à Tahiti (suite)

La communauté en prière devant l'océan

Le 30 mars, les sœurs m'accueillaient à l'aéroport de Papeete. Ce fut la plus belle de toutes mes Semaines Saintes, la grâce de vivre un mois complet auprès de mes sœurs, en continuant après les Jours Saints à leur rendre service et à rendre service dans des paroisses qui reçoivent rarement la visite d'un prêtre. Ce fut pour moi une expérience spirituelle des plus vivifiantes et les célébrations que j'ai présidées dans les îles ont stimulé ma propre foi tellement les personnes qui y assistaient manifestaient leur foi avec chaleur, heureuses d'avoir un prêtre dans leur petite paroisse, assoiffées de la Parole de Dieu. C'est avec peine le 30 avril dernier que j'ai quitté ce peuple à la foi ardente et mes sœurs Clarisses qui m'ont permis souvent de prier avec elles, d'échanger ensemble lors des « Benedicamus Domino » c'est-à-dire quand la mère abbesse accordait à ses sœurs la permission de parler pendant les repas que je partageais avec elles. Je garderai longtemps dans mon cœur ces 13 Clarisses de Tahiti qui ont encore parmi elles les deux canadiennes qui fondèrent le couvent en 1981, sœur Hélène et sœur Agnès.

Avec les membres de la Famille Marie-Jeunesse
Quelle belle terre on trouverait en Polynésie pour établir une fraternité! La moisson serait abondante !
Frère Jean-Claude Lafleur, capucin







Toute vocation est un mystère.
Voici un peu quelle est la mienne,
d’après ce que je peux y comprendre.

Je suis un Frère Mineur Capucin et je m’appelle Frédéric Lavoie. J’ai 30 ans, je suis originaire de la ville d’Alma, région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la province de Québec. J’habite Ottawa et j’étudie présentement en philosophie.
Je viens d’une famille qui a connu le divorce. J’ai 2 frères plus jeunes que moi.

En grandissant, j’ai fréquenté l’école comme tout le monde. Une personne et un événement ont marqué de façon particulièrement positive ma jeunesse : ma grand-mère était très pieuse et avait une maison remplie d’objets de piété et de revues religieuses, elle faisait partie du Tiers-Ordre Franciscain qu’on appelle maintenant Ordre Franciscain Séculier.
Il s’agit d’une fraternité où s’engagent des laïques, célibataires ou mariés et aussi des prêtres, afin de vivre selon la spiritualité de saint François d’Assise.

En voyant ma grand-mère si pieuse et si bonne, je compris ce que signifiait être chrétien et je crus. Un jour, lorsque j’avais environ 7 ans, ma grand-mère me fit lire un livre sur saint François d’Assise. La figure de François m’étonna profondément et je me dis alors : « Plus tard, je voudrais vivre comme lui! »

Qu’est-ce qui m’a autant frappé chez cet homme médiéval, simple et illettré? Son amour immense de Dieu et de toutes les créatures, le don radical de lui-même au Seigneur, la pauvreté radicale qu’il pratiquait, qu’il avait choisi comme moyen de perfection, comme chemin parfait pour suivre le Christ pauvre et humble. La fraternité. L’humilité de François.
Frère Frédéric en mission en République Dominicaine (2010)


Ma famille, comme beaucoup de familles du Québec, se dit catholique, mais en vérité, ne connaît pas la foi chrétienne et a une connaissance plutôt imparfaite de ce que signifie être chrétien. Nous n’allions jamais à la messe. Toutefois, j’ai reçu, enfant, les sacrements de l’initiation chrétienne : le baptême, la confirmation et la première communion. Nous étions catholiques par tradition et éducation mais non par conviction personnelle.



Jeune, j’ai cru en Jésus-Christ et j’ai gardé le désir d’apprendre à le connaître.
À 24 ans, j’avais connu la vie de couple, j’avais obtenu mon diplôme de Sciences de la Nature au Cégep (Sciences pures), j’avais étudié la musique au Cégep, principalement la guitare, j’avais commencé des études en Géologie à l’Université. Pendant un certain temps, j’ai milité activement dans des mouvements sociaux, notamment je me suis impliqué beaucoup dans le mouvement pacifiste, en organisant des marches pour la paix. À 24 ans, j’ai décidé de vivre comme ermite dans la forêt. Des amis avaient un terrain boisé et plusieurs camps sur ce terrain. Ils m’en ont prêté un où j’ai vécu pendant environ un an, retiré dans les bois.
Ce fut une période intense de recherche, de quête du Seigneur. Dans mes réalisations passées, « je cherchais celui que mon cœur aime » (Cantique des cantiques 3,1). Comme l’épouse dans le livre biblique du Cantique des cantiques qui cherche son bien-aimé, comme Israël qui cherche son Dieu lorsqu’il est conduit au désert, je cherchais le Seigneur.
Là-bas, j’ai beaucoup prié et j’ai aussi commencé à lire la Bible. Après cette retraite en forêt, je suis allé dans un lieu de pèlerinage : l’Ermitage Saint-Antoine de Lac Bouchette. Là, j’ai découvert le Seigneur. J’ai su qui il était : celui que j’avais tant cherché, je l’ai rencontré. J’ai commencé à fréquenter les sacrements, à découvrir la foi catholique, et… j’ai voulu répondre à l’appel que j’avais entendu étant enfant.

Ce sanctuaire, l’Ermitage Saint-Antoine de Lac Bouchette, est animé par des religieux, des Frères Mineurs Capucins. L’Ordre des Frères Mineurs Capucins est une réforme de l’Ordre des Frères Mineurs fondé par saint François (les Franciscains). Étant en présence de fils spirituels de saint François, j’ai voulu vivre leur vie. J’ai demandé mon admission dans cette communauté. Comme je venais de vivre une conversion, on m’a suggéré de laisser s’écouler un peu de temps (un an ou deux) avant de débuter une telle démarche. C’était en janvier 2006.
À l’été 2007, j’ai travaillé au sanctuaire (L’Ermitage Saint-Antoine) où j’ai connu davantage les frères, puis, j’ai écrit une lettre de demande pour joindre l’Ordre des Frères Mineurs Capucins, et le 27 octobre 2007, je commençais mon temps de probation (postulat) en même temps qu’un autre jeune. J’ai vécu ensuite le temps de formation qu’on appelle noviciat et maintenant, cela fait plus 2 ans que j’ai terminé le noviciat et que j’ai prononcé mes premiers vœux : vœux de chasteté, d’obéissance et de n’avoir rien en propre. Si Dieu le veut, je continuerai jusqu’à la profession perpétuelle (l’engagement pour la vie).
Ce qui m’a attiré chez saint François lorsque j’étais jeune m’attire encore : tout spécialement, la fraternité, la pauvreté, l’humilité, le don radical de soi à Dieu et l’amour sans frontière.
Ce qui me plaît particulièrement en vie religieuse, c’est de pouvoir vivre ce que je viens d’énumérer : la fraternité, la pauvreté, l’humilité, le don radical de soi à Dieu et l’amour sans frontière, et tout spécialement la joie de vivre en frères et de pouvoir prier beaucoup, d’avoir une vie de prière solide et intense.
Alors voilà, quelques traces de lumière sur le chemin de ma vie et de ma vocation.
Si tu es encore à l’aube de ta vie, je te suggère de prier le Seigneur afin qu’il te fasse connaître sa volonté, pour ta vocation, et qu’il te conduise sur ses chemins. Et surtout, si aujourd’hui tu entends sa voix, n’hésite pas à le suivre : Lui seul est le Chemin, la Vérité, et la Vie.
Jésus, voilà tout mon bonheur!
Frère Frédéric Lavoie, Ordre des Frères Mineurs Capucins, Ottawa



Témoignage de Michael Beaupré, novice capucin

« Je sais que si je veux approfondir ma vie spirituelle (et c’est un de mes objectifs pendant le noviciat) je dois réserver du temps pour la solitude chaque semaine. C’est ce qui me permettra d’être plus présent dans les temps de prière et ce qui va rendre ma prière plus profonde. J’ai compris que le manque de solitude conduit à un manque de présence à soi-même et aux autres.


Une des choses que j’ai apprises depuis que je suis ici, c’est que ce besoin de prendre du temps pour soi diffère d’une personne à l’autre. Le noviciat, à cause de la distance que je dois prendre face à toutes les distractions extérieures, m’a permis d’être plus sensible à mon besoin de solitude et je peux respecter ce besoin. Je remercie le Christ qui me donne ce temps de tranquillité pour mieux me découvrir.

La structure de la vie capucine est assez flexible pour me permettre d’avoir ce temps de solitude tout en demeurant présent à mes frères ; le fait que je sois bien dans cet équilibre confirme ma vocation de Capucin »








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